Une vie en montagnes russes

25-04-2022

TÉMOIGNAGE


Je vis depuis mon enfance un parcours tumultueux en raison d’un trouble du déficit de l’attention (TDAH). J’ai compris à l’âge de 20 ans pourquoi ma vie était parsemée de hauts et de bas me donnant l’impression d’être dans des montagnes russes émotionnelles.


Le moment où tout bascule


Temoignage Jonathan Bienvenue Fondation du CHG


Les problèmes familiaux durant ma jeunesse et la perte soudaine de mon père m’ont plongé dans une profonde dépression. À cause des antidépresseurs et de leurs effets secondaires s’enchaîne un comportement avec des variations très marquées : allant
d’une période de haute énergie, d’euphorie, de manies, à une période dépressive, d’irritabilité, allant jusqu’à une altération du contact avec la réalité. La fabrication d’histoires extravagantes ou incohérentes me donnera de la difficulté à faire la différence entre le réel et l’irréel.


Il y a un an, à la suite d’une visite à l’urgence, j’ai rencontré une psychiatre empathique désirant stabiliser mes humeurs alors que je voyais que du noir. Peu de temps après, le diagnostic est tombé : un trouble bipolaire cyclothymique. En d’autres mots, j’ai un
trouble d’instabilité de l’humeur.


Un encadrement exemplaire


J’ai effectué mes suivis hebdomadaires avec Dre Geneviève Breton, psychiatre de l’hôpital de Granby, et entamé un suivi avec une équipe d’intervenantes compétentes à l’hôpital de jour du Centre Providence. À raison de trois à quatre rencontres par semaine durant sept semaines consécutives, ce suivi m’a appris à réguler mes émotions, mon stress ainsi qu’à comprendre l’importance et le fonctionnement de la médication sur mon système nerveux.


Lors de cette démarche, j’ai fait la connaissance de Depp, un chien d’assistance émotionnel de l’hôpital de jour en santé mentale. Avec la maladie, les liens sociaux sont d’amblé plus difficiles à établir et à entretenir. Mais avec les animaux, c’est spécial, le besoin de créer un lien significatif est vite comblé. Sa présence diminuait le stress et facilitait les échanges.


J’ai finalement participé à des rencontres virtuelles de groupe traitant sur les bonnes habitudes de vie adaptées aux besoins de chacun.


Vivre avec la bipolarité, c’est possible


Aujourd’hui, je canalise mes émotions au quotidien afin de mieux me comprendre. Je continue d’apprendre à vivre avec ma bipolarité. Évidemment, cette particularité de ma vie restera probablement constamment en moi. Je reste toujours avec quelques petites variations d’émotions, mais je suis fier et reconnaissant de tout le chemin accompli dans l’amélioration de la qualité de ma vie.


Je témoigne de mon expérience, car je veux aider à déstigmatiser les tabous qui persistent ou circulent sur les gens qui souffrent de santé mentale. Je veux dire aux personnes concernées et à leur entourage qu’il est possible de jouir d’une vie normale à la condition d’être bien entouré par ses proches, ses amis ou ses collègues de travail et surtout d’être bien accompagné par des spécialistes dans le domaine. N’ayez pas peur de demander de l’aide.




Jonathan Bienvenue